Distinguer Savoir et Connaissance

https://openclipart.org/

Je remarque un "déplacement" sémantique dans cet appel à contribution "Organisation des connaissances et web 2.0"... http://urfistinfo.hypotheses.org/985  (pas le seul que j'ai trouvé dans la même veine d'ailleurs). 




Il y a beaucoup à dire en effet sur le choix du mot connaissance dans son titre...à priori, il ne s'agit pas de connaissances mais de savoirs...la connaissance est d'un autre ordre, elle relève de l'Être et du singulier...faute de sens ? ou intentionnalité révélée ??? Que vise l'indexation totale qui est le thème de ce colloque...


L'indexation totale viserait-elle le glissement sémantique des savoirs vers les connaissances ? DANGER

Connaissances et savoirs sont deux choses différentes :
Les connaissances émergent de nos expériences en actes.
Les connaissances sont aussi des savoirs que l'on s'est appropriés, que l'on a incorporés...Elles relèvent de l'individu et de son identité, en tant que parcours individuant ! Dans ce passage des savoirs aux connaissances il y a tout un processus de transformation qui appartient à chacun. Un savoir aboutit rarement aux mêmes connaissances pour chacun.

Prétendre organiser et maitriser la connaissance cela revient à mettre les connaissances et donc chacun sous contrôle total.

J'ai l'impression que certains, au travers du web sémantique en particulier, pensent accéder aux connaissances de chacun...or le fait est que le système de codage/décodage entre les concepts humains et la machine reste un algorithme qui fait filtre, interface de couplage. ("Les algorithmes sont des procédures codées pour transformer les données d’entrée en sorties désirées, basées sur des calculs précis”... Les algorithmes font des choses et leur syntaxe incarne une structure de commandement pour permettre que cela se produise.” http://www.internetactu.net/2012/11/29/la-pertinence-des-algorithmes/ ... La machine n'accède pas à la connaissance mais une connaissance, filtrée par les critères et concepts rattachés au code (exp spatial :) )...et donc elle accède à un savoir et non pas à une connaissance ! [Entre parenthèse, le paradoxe des faux positifs démontre s'il en était besoin, le décalage que peut induire le choix de l'algorithme et de ses paramètres sur la présumée équivalence savoir/connaissance]

NB Une connaissance ne se transfert pas...transmettre une connaissance nécessite un travail de conceptualisation qui décontextualise la connaissance et en fait un savoir..on peut transmettre un savoir pas une connaissance !

De manière générale, on pourrait dire :
- je connais par l'énaction/assimilation
- je sais mes connaissances par la conceptualisation/modélisation et la métacognition
- je connais mes savoirs par l’accommodation


Un texte clair sur le sujet ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Savoir

Je retiens dans la version du 30 octobre 2009 (voir historique de la page et noter que le 30 novembre cette page a fait l'objet d'une opération de vandalisme) :

"Le savoir est défini habituellement comme un ensemble de connaissances ou d'aptitudes reproductibles, acquises par l'étude ou l'expérience.

* Les savoirs sont des données, des concepts, des procédures ou des méthodes qui existent hors de tout sujet connaissant et qui sont généralement codifiés dans des ouvrages de référence, manuels, cahiers de procédures, encyclopédies, dictionnaires.

* Les connaissances, par contre, sont indissociables d'un sujet connaissant. Lorsqu'une personne intériorise un savoir en en prenant connaissance, précisément, elle transforme ce savoir en connaissance. Dans une perspective constructiviste, on dira qu'elle construit cette connaissance, qui lui appartient alors en propre car le même savoir construit par une autre personne n'en sera jamais tout à fait le même. Inversement, comme il n'existe aucune connaissance parfaite et absolue,seul un savoir beaucoup plus ample permet de l'orienter raisonnablement en contexte d'incertitude. Un "connaisseur" ne dispose pas ainsi de toute l'expérience de recherche qui caractérise le "savant"."

A lire en parallèle :
-  Philosophie et transhumanisme http://florencemeichel.blogspot.com/2011/09/philosophie-et-transhumanisme.html
- Données et éthique http://florencemeichel.blogspot.be/2013/03/donnees-et-ethique.html
- "The data are never neutral, they never "speak for themselves". The data miner can and should use their knowledge of method details to understand and highlight design choices and their implications" - p.8 http://people.cs.kuleuven.be/~bettina.berendt/Papers/berendt_buechler_rockwell_KUIN_2015.pdf
- Pratiques de Datapumpimg ETL : "An intrinsic part of the extraction involves the parsing of extracted data, resulting in a check if the data meets an expected pattern or structure. If not, the data may be rejected entirely or in part." https://en.wikipedia.org/wiki/Extract,_transform,_load

Commentaires

Dominique Rabeuf a dit…
Cognosco
(1 au sens premier) j'apprends à connaître.
(2) je reconnais {je distingue, j'identifie}
(3 [Juridique]) j'instruit, je recherche les causes.

De hereditate cognoscere

De l'art d'instruire les affaires d'héritage (Cicéron)

Organum
(1) Instrument
(2) Moyen, ressort
(3) Instrument de musique

Organiser des connaissances

Mettre en musique l'art d'instruire les affaires d'héritage

Outiller les méthodes d'apprentissage

L'indexation(1) totale de tous les énoncés possibles est réalisable logiquement au niveau du troisième ordre. Ceci est physiquement irréalisable, la réalité physique est plus restreinte que les mathématiques.
(1) Indexation avec des entiers naturels, bien sûr.

L'indexation dans les encyclopédies de la toile consiste par exemple à former des listes de triplets suivant une logique modale simple (RDFa)

Cela suffit à faire beaucoup de déductions de liens par des automates sans trop se perdre dans des algorithmes complexes.

Cela permet d'explorer, sans idée à priori, pour atteindre plus de réalité.

Les théories de l'information n'ont pas dans leurs bagages des outils pour créer Dieu. Un informaticien peut avoir des croyances, mieux vaut qu'il fasse abstraction des ses croyances quand in fait de l'informatique. Un programme ne croit en rien.

Dans une pharmacie on trouve de tout, mais rarement de l'élixir d'immortalité ou des philtres de retour d'affection.

Tout le monde a droit à sa part de rêve.
Peu des gens feront des miracles.
"Distinguer savoir et connaissance"

Notons tout d'abord que "le" "savoir" est un verbe substantivé comme par exemple "le" "souper", qui exprime très directement l'action en elle-même (action de savoir ou de souper). La "connaissance", quant à elle, comme par exemple la "négligence" dérive du verbe conjugué au participe présent, par l'intermédiaire du suffixe "-ance" (ou "-ence" selon le groupe du verbe). Cette construction plus élaborée exprime, me semble-t-il, une nuance par rapport à "l'action" de connaître que l'on pourrait traduire par "le fait" de connaître.

Cela dit, savoir et connaissance sont à n'en pas douter deux concepts tellement proches qu'il reste très difficile de les distinguer de manière très catégorique. La synonymie entre les deux termes est d'ailleurs consacrée par la philosophie qui distingue souvent trois types de connaissances : la "connaissance objectuelle", qui serait le fait de connaître une chose (exemple, "connaître Paris"), la "connaissance propositionnelle" qui serait le fait de "savoir" qu’une certaine proposition est vraie, et la connaissance de type "savoir faire". Sans mauvais jeu de mot, on a envie de s’écrier : « il faudrait savoir ! ». Parle-t-on de la connaissance ou du savoir ? Je pense que le philosophe, comme le mathématicien, ou le scientifique en général, devrait fuir comme la peste les synonymes qui sont toujours facteurs de confusion et ne servent qu’à embrouiller l’esprit. « À chaque mot son idée ! » devrait-il nous dire, même si le synonyme peut-être parfois un moyen d’améliorer la forme du discours en évitant les répétitions.

Comme vous, je considère donc néanmoins qu'il peut-être utile de faire la distinction entre les deux notions. Le "fait" de connaître me semble indissociable de la chose connue, sans laquelle "l'action" de connaître n'a aucun sens. Le savoir, quant à lui, ne traduit que l'action de savoir, qui paraît pouvoir être parfaitement indépendante du fait de savoir et donc de la chose sue. Le savoir porte plus, me semble-t-il, sur la capacité à faire (action) de celui qui sait, le sujet et sa pratique, que sur l'objet de cette action dont il est tout à fait dissociable. Le savoir se distinguerait donc de la connaissance par le fait qu’il se rapporte à un sujet ("celui" qui sait), alors que la connaissance serait une notion plus "objective" parce que plus directement liée à l’objet connu.

Pour mieux formaliser cette distinction qui reste, il faut l'avouer, bien ténue, on pourrait dire que le savoir est une capacité à s'approprier (sa-) une perception (-voir) ou une compréhension du monde qui nous entoure. Une connaissance serait, quant à elle, la mise en commun (con-) de perceptions d'un fait observé, engendrant (-naissance) une idée nouvelle que l'on se fait de l'objet observé.

S'il est donc évident que l'on peut transmettre un savoir, une capacité à s'approprier une perception du monde (c'est le rôle de l'apprentissage), contrairement à vous, je pense que la connaissance, qui est l'idée que l'on se fait des objets qui nous entourent, se transmet tout aussi bien (c'est le rôle essentiel de l'enseignement). Je ne pense pas, comme vous le faites, que les connaissances puissent être des savoirs transformés au cours d'un processus d'appropriation appartenant à chaque individu. C'est même pour moi, tout à l'inverse, le savoir qui constituerait l'acte d'appropriation par un individu ou une communauté d'individus d'une connaissance, idée engendrée par la mise en commun de faits perçus. Organiser des connaissances, ce n'est donc en aucun cas prétendre à mettre sous contrôle les individus, mais bien souvent le seul moyen de communiquer et donc de transmettre un savoir. Chacun est ensuite libre de s'approprier à son tour ce savoir en se reconnaissant dans la communauté de pensée qui le véhicule, ou de le rejeter en refusant d'y adhérer. Qu'on l'appelle intelligence ou libre arbitre, c'est là ce qui fait toute la grandeur de l'homme libre, cet être pensant qui caractérise la notion d'humanité.

Francis BEAU
Florence Meichel a dit…
A francis :

le processus de transformation des savoirs en connaissance a ete etudie par piaget : il s'agit des processus d'appropriation et d'accomodation ! :-)

j'aime assez cet article de wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Savoir
et on y parle bien de gestion des savoirs...pas de gestion de la connaissance ! :-)
à Florence

Alors, il me faut corriger la fin de mon commentaire :
"Je ne pense pas, comme vous le faites, à la suite de Piaget, que les connaissances puissent être des savoirs transformés au cours d'un processus d'appropriation appartenant à chaque individu. C'est même pour moi, tout l'inverse : le "savoir" (l'action de savoir) est un acte d'appropriation par un individu (le "sujet") ou une communauté d'individus d'une "connaissance", dont "l'objet" est une "idée" engendrée par la mise en commun de faits perçus."

A partir de termes dûment identifiés et précisément définis (action de savoir vs objet de connaissance) et de faits incontestables dûment observés (1. l'action de savoir est un acte d'appropriation par un individu d'une idée ; 2. la mise en commun de faits perçus donne naissance à une idée qui est l'objet de connaissance auquel je m'intéresse), j'émets une "idée" qui constitue en soi un "objet de connaissance". Il ne s'agit pas pour l'instant de se demander si cette idée est vraie ou fausse, mais simplement admettre qu'elle est une idée et donc à ce titre, un objet de connaissance, de la même façon que l'idée que j'ai de Paris est un objet de connaissance (je connais Paris), sans pour autant présumer de la justesse de cette idée qui peut être totalement déformée.

En l'état, cette idée s'avère parfaitement transférable, indépendamment de toute notion de validité ou d'appropriation. Je peux parfaitement l'échanger avec vous, c'est d'ailleurs ce que j'aurais fait si, n'y adhérant pas moi-même, je vous l'avais transmise en me faisant l'interprète d'un autre que je n'approuve pas. Cet "objet de connaissance" qui n'a pas encore été l'objet d'une "action de savoir" est pourtant bien transférable puisque je vous l'ai transmis. En l'état, il mérite néanmoins que vous l'examiniez afin de décider de vous l'approprier en lui accordant le statut de savoir ou de le rejeter en le lui refusant, ce que vous semblez avoir fait.

Il se trouve que, pour ce qui me concerne (et uniquement pour ce qui me concerne), cette idée me paraît juste (l'image que j'ai de l'élaboration d'une connaissance, au même titre que celle que j'ai de Paris). je me l'approprie donc par un acte purement individuel qui s'identifie à "l'action de savoir" telle que définie précédemment. C'est là toute ma force d'homme libre que de pouvoir disposer de ma propre "vision" des choses, quelque soit ce qui peut ressortir des "études" de "Piaget" et ce que tout autre puisse en penser à sa suite. Tant que je n'adhère pas à cette "pensée", elle ne constituera pour moi qu'une connaissance, que je considère comme telle et qui mérite en tant que telle d'être organisée, ne serait-ce que pour pouvoir la comparer à d'autres qui vont dans le même sens, ainsi que d'autres toutes aussi sérieuses qui comme la mienne vont à l'opposé. Libre à vous de la considérer comme un savoir, et de l'organiser comme tel.

J'avoue ici ne pas bien comprendre cette crainte que vous semblez avoir d'un "contrôle total" de la connaissance que pourrait occasionner son organisation. Le Savoir avec un grand "S", que l'on pourrait définir comme une "connaissance" ayant fait l'objet d'un acte d'appropriation commun à l'ensemble de la communauté scientifique, ne peut progresser qu'à condition que "l'objet de connaissance" soit parfaitement maîtrisé.

Scientifiquement vôtre,

FB
Florence Meichel a dit…
Vous avez décidé d'intervertir les notions...c'est votre droit...vous risquez simplement de ne pas être compris de ceux qui s'intéressent de près a ces notions et ont convenus de conventions sémantiques !

Pour ce qui est du risque que constitue la prétention de certains a accéder et a contrôler la connaissance, il suffit de lire georges orwell 1984 pour avoir une idée de ce que ca peut donner ! certains commencent d'ailleurs a travailler de façon très sérieuse sur l'implantation de traceurs dans le corps humain
http://www.nbiou.com/technologies/des-puces-electroniques-dans-le-cerveau-des-soldats-americains/

Quant a la communauté scientifique, elle répond trop souvent avant tout a une commande politique...
Dominique Rabeuf a dit…
Piaget est à la théorie de l'apprentissage ce que Voltaire est à la philosophie. Mieux vaut se référer en détail au débat qui a lieu à Royaumont en 1975 entre Chomsky et Piaget. Piaget a une démarche de poète anthropomorphique tandis que Chomsky a une démarche logique au ras de la syntaxe. Pour ce qui est des politiques ce ne sont que les jouets de lobbies qui n'ont rien de scientifiques.

Fabrication du consentement
Vidéo de 2h47mn - Démonstrative

Point de vue d'un logicien irréductible
Florence Meichel a dit…
J'ai lu le bouquin...un vrai choc pour moi ! :-)
à Florence,
Il y aurait beaucoup à dire en effet sur le choix des mots "connaissances" et "savoirs". Il n'est sûrement pas inutile de se référer pour cela aux auteurs qui font autorité sur la question, philosophes, linguistes, grammairiens, épistémologues, et d'avoir recours aux encyclopédies et autres dictionnaires, mais la synthèse de l'ensemble reste à n'en pas douter bien difficile.

L'article de wikipédia, dont vous semblez vanter la clarté, voit la distinction entre savoirs et connaissances dans leur rapport respectif au sujet connaissant. Les savoirs existeraient hors de tout sujet connaissant, tandis que les connaissances seraient en revanche indissociables du sujet qui, prenant connaissance d'un savoir, le transforme précisément en connaissance. Le sujet transformerait donc le savoir en connaissance. Autrement dit, la connaissance procèderait du savoir. Mais un peu plus loin, l'article ajoute que : "l'acquisition d'un savoir véritable suppose un processus continu d'assimilation et d'organisation de connaissances (notons ici que le processus d'organisation des connaissances n'a pas forcément ce côté inquiétant que vous semblez dénoncer en redoutant la "mise sous contrôle total" de "chacun") par le sujet concerné. Le sujet assimilerait donc des connaissances qu'il transformerait en savoir dans un processus dit d'acquisition. Autrement dit, le savoir procèderait des connaissances.

D'un côté donc, le savoir serait acquis par le sujet connaissant pour se transformer en connaissance, tandis que de l'autre, il proviendrait en même temps de la transformation des connaissances au cours d'un processus d'acquisition. Difficile, en effet, de faire la synthèse de ces deux propositions contradictoires.

Mais l'article montre d'autres contradictions plus gênantes encore. En effet, selon ce qui précède, le savoir ne devient "véritable" savoir qu'à l'issue d'un processus d'acquisition par le sujet connaissant dont il est par conséquent difficilement dissociable, tandis que la connaissance, même lorsqu'elle n'est pas assimilée par un sujet, n'en existe pas moins indépendamment de ce dernier. Cela contredit radicalement l'hypothèse de départ à savoir que "les savoirs existeraient indépendamment du sujet, tandis que les connaissances en seraient indissociables".
… FB (à suivre…)
à Florence (suite du commentaire précédent)

... Afin de tenter de mieux cerner la distinction entre les deux notions, j'avais noté dans mon précédent commentaire que la construction du substantif "connaissance" à partir du participe présent exprimait, me semblait-il, une nuance par rapport à celle du substantif savoir dérivée du verbe à l'infinitif. Forme nominale du verbe, le participe présent participe à la fois du verbe (exprimant l'action de connaître), mais également de l'adjectif (qualifiant un nom, le sujet "connaissant"). Devenu un adjectif verbal qualifiant un nom, il traduit alors une qualité plutôt qu'une action. Alors que le substantif "savoir" formé à partir de l'infinitif exprime "l'acte" de perception, la "connaissance" exprimerait plutôt "le fait de" connaître. Forme nominale ne participant que du verbe, le savoir exprimant directement l'action est très directement lié à son sujet. En revanche, la connaissance traduisant une qualité plus que l'action en elle-même, n'est quant à elle, qu'indirectement liée à son sujet. La qualité existe en effet indépendamment du nom auquel elle est susceptible de s'appliquer (le sujet connaissant), tandis que l'action semble plus difficilement dissociable du sujet qui la mène. Sans sujet, il ne peut y avoir d'action, alors que la qualité existe indépendamment des différents "sujets" auxquels elle peut s'appliquer.

Il ne s'agit pas là "d'intervertir les notions", mais de coller à la réalité. Les mots ont un sens profond dont la construction témoigne toujours. On peut difficilement s'affranchir de cette réalité tant elle influe sur l'entendement commun en faisant fi de toute autre définition ésotérique ou "convention sémantique" savante.

Le mot savoir est construit à partir du radical "-voir" qui exprime une perception, accolé au préfixe "sa-" dont on peut être enclin à penser qu'il exprime une capacité à s'approprier. Le mot connaissance est, quant à lui, construit sur le radical "- naissance" indiquant une création nouvelle, rattaché au préfixe "con-" exprimant la mise en commun. D'un côté, le radical est un verbe transitif admettant donc un complément d'objet, de l'autre, nous avons un nom dérivé d'un verbe intransitif, le verbe naître, n'admettant donc pas de complément d'objet. Sans pouvoir se rapporter à aucun objet, celui-ci ne se rapporte donc qu'à son sujet (celui qui naît), qui dans la construction du mot connaissance se transforme en objet (celui qui "naît" d'une "mise en commun" devient l'objet de connaissance).

Si le savoir est, très directement lié à son sujet (celui qui sait), la connaissance, dont on a également vu qu'elle l'était moins directement, s'avère donc en revanche indissociable de son objet (la chose connue) auquel elle se rapporte par construction. Ce constat est d'ailleurs confirmé par le CNRS, qui dans le portail du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales indique que le substantif "connaissance", dérivé du participe d'un verbe transitif (connaissant), exprime l'objet de l'action "ce ou celui que l'on connaît".

FB
Florence Meichel a dit…
Je crois qu'il est interessant de voir les choses en mode complexe : tous ces processus sont complémentaires les uns des autres...il faut meme rajouter les connaissances acquises en couplage au monde (cf enaction de Francisco varela) j'ai essaye d'en faire une synthèse sur la schéma rajoute a l'article...il n'y a pas contradiction mais complémentarité...ce n'est pas du "ou" mais du "et" ! :-)
akhu a dit…
Le savoir est un sous ensemble de la connaissance (notez le double usage du singulier).

La connaissance comprend tout ce qui est connu, a été connu et sera connu, par qui ou quoi que ce soit.

L'univers n'aurait pu évoluer sans le développement de la connaissance. La connaissance est un phénomène cosmique, c'est à dire un principe fondamental de l'existant. Les humains en profitent mais n'en sont pas les propriétaires, bien au contraire.

Le savoir est un ensemble de connaissance partagée et typiquement répertoriée.

Plus intéressant encore est la compréhension de l'architecture naturelle de la connaissance.

RDF et le web sémantique sont basés sur une compréhension bien incomplète de l'architecture de la connaissance.

C'est mieux que rien, mais ça reste insuffisant pour construire une économie du savoir et encore moins d'une économie basée sur la collaboration et le partage de la connaissance.

Une des notions absentes des plus importante représente la différence principale entre le partage et le don, soit la responsabilité ou plus précisément peut-être, selon le terme anglais, l'"entitlement".

ac
Anonyme a dit…
Si je puis me permettre d’intervenir dans votre débat. Voici mon point de vue :
Une connaissance est un savoir en puissance ; un savoir est une connaissance en acte.
Savoirs et connaissances tournent donc dans une boucle récursive de développement : un savoir devient connaissance dès que le sujet se l’approprie ; cette connaissance en puissance s’actualisera dans une nouvelle expérience qui produira un nouveau savoir qui deviendra une nouvelle connaissance …etc
On peut d’ailleurs se servir du schéma de Florence Meirchel pour modéliser ce processus.

D’autre part, on peut entendre knowledge comme un savoir stockable et transférable, alors que knowing est connaissance en action chez un sujet pensant par lui-même.
A l'intention "d'Anonyme"

Merci pour votre contribution au débat, je me permets à mon tour de vous indiquer un article dans lequel je précise un peu l'idée que je me fais de ces deux notions tellement proches qu'elles prêtent à confusion et gênent la compréhension des processus d'acquisition et de partage des connaissances comme celle des processus d'élaboration et de transmission du savoir (http://fr.slideshare.net/FrancisBeau/39art-beaur pages 86, 87...).

Les processus que je décris ne me satisfont pas encore totalement, et je travaille à une présentation légèrement différente qui intégrerait dans le processus la notion de "donnée" en lieu et place de la première occurrence de la notion de "savoir" (ou savoir tacite) dans le schéma de la fig. 1 page 86.
Florence Meichel a dit…
Merci Francis pour ce lien :-)

De mon coté, j'ai écrit cela à propos des ontologies et de certaines interfaces algorithmiques http://blogveilleflorencemeichel.blogspot.com/2011/03/apprendre20-et-google-search.html.
Maurice Blaustein a dit…
Voici un lien qui semble intéressant pour notre problématique :
http://www.fmgerard.be/textes/savoir.html
maurice blaustein a dit…
Voici quelques réflexions venues à la suite d’une lecture à propos de
« Connaissances tacites et explicites »
http://www.veilleinfotourisme.fr/difference-entre-connaissance-tacite-implicite-explicite-codifiee--34836.kjsp

Les connaissances tacites sont les connaissances qui appartiennent au monde des objets mentaux, représentations mentales et expériences, implicites quand elles sont difficiles à verbaliser ou à « formaliser » par opposition aux connaissances explicites.
Connaissances tacites, implicites = CONNAISSANCES - on théorise les connaissances

Les connaissances explicites par opposition aux connaissances tacites, sont les connaissances clairement articulées sur un document écrit ou dans un système informatique ; ces connaissances sont transférables physiquement, car elles apparaissent sous une forme tangible tel qu'un document dossier papier ou un dossier électronique.
Connaissances explicites = SAVOIRS - on organise les savoirs

On peut facilement discriminer la passion de savoir de la passion de connaître ; autrement dit :
la pensée érudite de la pensée philosophique

- La passion de la pensée érudite (savoir) est d’amasser des savoirs pour les organiser

- La passion de la pensée philosophique (connaissance) c’est “penser aussi loin qu'on peut et plus loin qu'on ne sait”. C’est aussi revenir sur ses acquis pour les mettre à l'épreuve. La connaissance serait la plus-value apportée au savoir afin qu’il puisse servir ailleurs ou qu’il puisse être révisé.

Pourquoi m’intéresser à cette distinction savoir / connaissance ? Pour des fins de coaching. Les personnes qui ont besoin de se recentrer, de se modifier, de se stabiliser, ont un besoin tacite d’ordre et donc de clarté ; à commencer par la clarté des mots… Même si cette clarté est conventionnelle.